CONGRÉGATION DES SOEURS DE
L'ENFANT-JÉSUS DE CHAUFFAILLES
(Province du Canada)
Origine et fondation
La Congrégation des sœurs de l’Enfant-Jésus de Chauffailles plonge ses racines dans trois siècles
d’existence. Elle est comme une de ces graines qui, portées à maturité, se séparent de la plante-
mère, tombent en bonne terre, et deviennent à leur tour un arbre.
La Congrégation est une branche de la Société des Dames de l’Instruction, fondée au Puy en Velay
en 1667, par deux prêtres de St-Sulpice. La première pierre de cet édifice fut une humble et pieuse
fille originaire du Puy et nommée Anne-Marie Martel. Ces Dames se livraient à l’éducation et à
l’instruction de la jeunesse, à la suite d’un simple engagement.
Le 21 mai 1676, la Société des Dames de l’Instruction est érigée canoniquement en communauté
diocésaine. L’année 1708 amène la fusion avec les Demoiselles de l’Enfant-Jésus. 1789 marque une
année inoubliable dans les annales de la Société. La révolution passe en rafale sur la France
balayant tout sur son passage, détruisant et saccageant les églises, incendiant les couvents et
dispersant tous les religieux.
Les autorités civiles interdirent aux institutrices de regrouper les enfants, à la grande douleur de ces
derniers et de la population. Force est donc aux Dames de revêtir l’habit séculier et d’œuvrer dans
le secret. Trois seulement survivent à la bourrasque dont l’une d’entre elles, Mademoiselle de
Sénicrose, qui sera restauratrice de la petite Société.
Après la persécution du début du 20ème siècle, l’émission des vœux fut adoptée avec la
dénomination: Les Religieuses du St-Enfant-Jésus du Puy.
Reine Antier, née en 1801 à Laussonne d’une famille aisée, avait fait ses études à la Maison du Puy. Son éducation terminée, comme elle voulait consacrer sa vie à l’enseignement, elle entre à la Société et, à dix-huit ans, reçoit l’habit de cet Institut avec le nom de sœur Augustine. Encore novice, ses supérieures lui confièrent la direction d’une classe dans une école du quartier, ouverte aux filles. Les quelque deux ans qu’elle passa dans cet emploi la firent apprécier de ses supérieures. C’est alors qu’elle reçut avec simplicité et dans le plus confiant abandon, son obédience pour St-Didier-la-Séauve, pittoresque paroisse située aux confins du diocèse. Elle y restera 20 ans.
En 1846, pour répondre à une instante sollicitation venant du diocèse d’Autun, la supérieure du Puy l’envoie avec cinq compagnes prendre la direction de l’école des filles, à Chauffailles. (paroisse située aux pieds des monts du Beaujolais en Saône et Loire, France)
Sœur Augustine se fait apprécier à Chauffailles par sa sagesse, la clairvoyance de son jugement, sa grande bonté, non moins que par sa riche expérience dans l’enseignement. Plusieurs jeunes filles viennent s’offrir pour faire partie de la Société. Un noviciat est donc ouvert près de l’école. Douze ans plus tard, la Maison de Chauffailles possédait un florissant noviciat et avait déjà fondé soixante-dix établissements répartis en cinq diocèses.
Dès 1857, l’évêque d’Autun fait les démarches nécessaires pour détacher la communauté de Chauffailles de celle du Puy. Les pourparlers durèrent deux ans. Quelle angoisse pour Mère Antier! C’est alors qu’elle part consulter le curé d’Ars qui la rassure en lui disant :« le bon Dieu vous veut à Chauffailles».
Le 14 septembre 1859, Mgr Bouange publia solennellement le décret d’érection de la communauté des Sœurs de l’Enfant-Jésus-de-Chauffailles. La communauté naissante comptait 14 novices et 78 religieuses professes ayant sœur Augustine comme chef de file.
En 1877, à la demande de Mgr Petitjean, Mère Augustine eut la joie d’envoyer le premier contingent de ses sœurs au Japon. Elle mourut le 28 octobre 1883 âgée de 82 ans, après avoir travaillé à l’ouverture de 127 établissements. La congrégation comptait 356 religieuses professes, 16 novices, 7 postulantes et 111 établissements.
Au début du siècle, c’est-à-dire en 1901-1902, les lois gouvernementales de la République française, avec l’avènement au pouvoir du Président du Conseil des Ministres, Emile Combes, déclenchèrent une vive offensive contre les congrégations religieuses. Cette persécution déjà commencée en 1880, atteint son paroxysme à cette époque. La plupart des congrégations se voient refuser l’autorisation d’exister. Cent deux de nos écoles furent fermées dont 70 le même jour, et les sœurs furent expulsées de leurs établissements scolaires. C’est alors que plusieurs démarches furent tentées en vue de trouver un refuge à l’étranger.
Dès 1902, le Cardinal Perraud, évêque d’Autun, écrivait à Mgr Louis-Nazaire Bégin, archevêque de Québec, pour solliciter l’autorisation en faveur des Sœurs de l’Enfant-Jésus-de-Chauffailles, de s’établir au Canada et d’y ouvrir une maison d’éducation. (Document original conservé aux archives de l’archevêché de Québec).
En 1903, quatre sœurs quittent la France pour l’Italie; elles arrivent à Livourne le 19 mars. L’Évêque du diocèse leur avait permis de s’y installer sans toutefois leur assurer aucun moyen de subsistance. Par la suite, un second groupe vint se fixer à Lucques et un troisième à Carignan. À Livourne et à Lucques, les sœurs donnaient des leçons privées de français et d’art manuels. À Carignan, elles ne purent y demeurer faute de travail. On abandonna cette mission d’Italie en 1938 à cause du manque de personnel pour tenir les œuvres existantes en France.
En 1912, la supérieure générale, à la demande de Mgr Gustave Blanche, évêque de la Côte Nord envoya 16 religieuses réparties à Sept-Iles, Rivière-du-Tonnerre, Pointe-aux-Esquimaux (Havre St-Pierre) et Natashquan. En 1917, voulant fonder un noviciat, elles quittèrent la Côte Nord pour s’établir à Rivière-du-Loup.